Sur les 1 460 entreprises de plus de 1 000 salariés concernées par l’obligation de publier le 1er mars 2019 un index portant sur l’égalité salariale femmes-hommes, “732 ont publié leurs résultats, 560 ont commencé à rentrer leurs données, et 118 sont en alerte rouge avec moins de 75 points sur 100”, indique Muriel Pénicaud, lors de la présentation des premiers résultats de l’index, le 5 mars. Si “la prise de conscience et la transparence sont difficiles pour la moitié des entreprises”, l’index montre aussi l’existence d’un plafond de verre et d’inégalités à l’issue des congés de maternité.

Les premières notes publiées par les entreprises de plus de 1 000 salariés en matière d’égalité salariale livrent “quatre enseignements”, estime Muriel Pénicaud, lors d’un point avec la presse, le 5 mars 2019. Le premier est “que la prise de conscience et la transparence ne sont pas faciles pour la moitié des entreprises”. En effet, selon les décomptes réalisés par la DGT, sur les 1 460 entreprises de plus de 1 000 salariés en France (représentant environ 5 millions de salariés), 732 ont effectué leur déclaration le 1er mars, comme le prévoit le décret du 9 janvier, soit un taux de répondants estimé à 50 % (3,03 millions de salariés). Au total, 831 entreprises ont publié leurs notes, 100 ayant déjà devancé l’obligation. Pour rappel, les entreprises de plus de 250 salariés devront publier leur index le 1er septembre 2019, et celles de plus de 50 salariés le 1er mars 2020.

Une note moyenne de 80/100

Par ailleurs, “sur les 732 entreprises qui ont répondu, 14 ont obtenu une note de 100/100 (Sodexo Hygiène et Propreté, CNP Assurances ou encore Maif ont obtenu une note entre 99 et 100). Ce sont des entreprises égalitaires. Nous allons les solliciter pour être des modèles”, ajoute Muriel Pénicaud, qui regrette cependant qu’elles ne soient “que 14”. En outre, 600 entreprises ont obtenu entre 75 et 99 points. Enfin, “118 entreprises sont en alerte rouge avec moins de 75 points sur 100”, souligne Muriel Pénicaud.

Avec une note globale moyenne de 80/100, “la grande majorité des entreprises a une marge de progression importante. Ce qui fonctionne bien dans les entreprises est la compétition positive, qui joue sur la réputation de l’entreprise, son attractivité, le management interne et le dialogue social interne”. Ainsi, l’approche choisie par le gouvernement avec cet index de l’égalité salariale est vertueuse, car “il n’y a pas que la sanction qui compte”.

Deux indicateurs en situation “plus critique”

Troisième enseignement : “les entreprises respectent plutôt bien le principe de ‘à travail égal, salaire égal’, car elles possèdent déjà des outils de mesure et il existe un dialogue social sur ce sujet”, selon la ministre du Travail. Les moyennes des trois premiers indicateurs constituant l’index sont bonnes : l’indicateur 1 portant sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes a une note moyenne de 37/40 ; l’indicateur 2 sur les écarts d’augmentation 18/20 ; l’indicateur 3 sur les écarts de promotion 14/15.

L’index confirme enfin qu'”il existe un plafond de verre dans la majorité des grandes entreprises”. La note moyenne de l’indicateur 5, qui porte sur le nombre de femmes parmi les dix plus hauts salaires de l’entreprise, est de 3/10. Seules 114 entreprises (soit moins de 16 %) ont obtenu 10/10, tandis que 365 entreprises (50 % de celles qui ont répondu) n’ont pas obtenu de point, ce qui signifie qu’elles ont moins de deux femmes parmi les dix plus hautes rémunérations. “C’est un point d’attention très général dans les grandes entreprises”, affirme Muriel Pénicaud, qui ajoute que les notes des entreprises ont révélé un deuxième sujet “auquel on ne s’attendait pas”. Seules 27 % des entreprises respectent leur obligation concernant les augmentations de femmes de retour de congés maternité, qui est inscrite dans la loi de 2006. L’indicateur 4 de l’index porte sur cette obligation : le bilan montre que 201 entreprises ont 0 (sur 15 points) à cet indicateur.

“Il faut une action managériale et du dialogue social”

“Pour les entreprises qui sont en alerte rouge, il faut une action managériale et du dialogue social pour éliminer les inégalités”, indique la ministre du Travail. Dans certains grands groupes, comme Renault, Thales, Safran ou Engie, c’est une ou deux de leurs filiales, souvent les filiales de service des groupes industriels, qui ont des notes inférieures à 75/100. Par exemple, Renault SAS a communiqué une note de 94/100, mais Renault Retail Group n’obtient que 51/100 , la note la plus basse pour le moment.

Au total, 16 % des entreprises qui ont répondu (soit 118 entreprises) doivent prendre des actions cette année sous peine de sanction. Dans certaines de ces entreprises où l’État est actionnaire, Muriel Pénicaud précise que l’APE (agence des participations de l’État) sera saisie. Elle ajoute que la DGT a envoyé un mail lundi 4 mars aux entreprises qui n’ont pas terminé la saisie de leur note . Elles doivent régulariser leur situation dans les jours qui viennent et le ministère promet des contrôles par l’inspection du travail. Si elles ne jouent pas toutes le jeu de la transparence en publiant clairement leur index sur leur site internet, la ministre du Travail n’exclut pas une publication des notes des 1 460 plus grosses entreprises directement sur le site du ministère. “C’est parti pour la prise de conscience et la transparence mais il faut aller jusqu’au bout”, se réjouit Muriel Pénicaud, affirmant qu’un grand groupe international a déjà prévu de calculer des index pour toutes ses filiales dans le monde.

Sources AEF

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